Aller au contenu

Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Où les châtaigniers roux de leurs larges ramures
Ont déjà laissé choir sur le sol blanc d’aiguail,
Par vastes chapelets bruns, les châtaignes mûres
          En fin corset glacé d’émail.

Les corneilles en ont déjà croqué plus d’une,
Et sur d’autres le lièvre a mis sa dent, la nuit ;
L’écureuil même a profité du clair de lune
          Pour en rouler vers son réduit.

Mais les paniers pansus et les amples corbeilles
Et le char s’empliront encore bien des fois,
Malgré le lièvre et l’écureuil et les corneilles
          Et tous les écumeurs des bois…

À l’œuvre tous ! — Les mains plongent dans l’herbe fraîche,
Et plus d’un a l’onglée et souffle sur ses doigts ;
Mais on fait de grands feux, on se chauffe, on se sèche,
         On rit, on chante à pleine voix.

Des disputes, des flirts rustiques, la trouvaille
D’une tribu de beaux cèpes, d’un hérisson,
— Bogue grise et vivante, et celle-là de taille,
         Et qui n’ouvre pas sa prison…