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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/67

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Mais n’aurait-on au monde amis, enfants ni femme,
          Ni chat, ni chien, ni livre aimé,
Que l'on se sentirait moins seul à voir la flamme
          Sourire dans l’âtre enfumé.

Le feu ! — Qu’il naisse et cherche en crépitant sa voie ;
          Qu’il grandisse et s’élance enfin,
Enveloppant de ses langues rouges sa proie,
          Genêt, olivier, chêne ou pin ;

Qu’il gronde en dévorant le cœur après l’écorce,
          Et qu’il flotte comme un drapeau
Triomphant, orgueilleux, enivré de sa force,
          Qu’il est vivant et qu’il est beau !

Et lorsqu’il tombe ensuite et lentement s’apaise,
          Et qu’il laisse à peine courir
Quelques légers frissons violets sur sa braise,
          Sourires de qui va mourir,

Comme il nous charme encore et comme il hypnotise
          Nos yeux et notre âme à la fois,
Et nous replonge au rêve où nous plongeait la brise
          Qui le berçait arbre des bois !