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LES OISILLONS


Tu l’as cueilli trop tôt dans le rosier sauvage,
Ce nid qu’un imprudent jardinier te montra,
Jeune fille ! et voilà des pleurs sur ton visage,
Parce que ta couvée avant ce soir mourra.

Vois-tu, sur tes genoux, chaque fois que tu bouges,
Se soulever ces fronts aveugles et rasés,
Et s’ouvrir en criant toutes ces gorges rouges,
Où tu ne peux, hélas ! mettre que des baisers ?

Ils ont froid, ils ont faim ; leur pauvre nid de mousse
Comme un vieux vêtement se déchire et s’en va,
Et ton haleine, encor qu’elle soit chaude et douce,
Ne saurait remplacer l’aile qui les couva.