Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/148

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Un troisième admirait passionnément les grands révolutionnaires, sans être la dupe des petits. Il se plaisait à faire causer le citoyen Blanchet sur l’esclavage des peuples. Un quatrième voyait le mauvais côté de tout, et il en est encore à se demander s’il ferait bien de faire quelque chose. Un cinquième ne tenait jamais en place, il était toujours pressé lorsque les autres n’avaient encore rien à faire ; il a pris bien vite la tête de la colonne.

Quelques-uns ont changé d’allure, mais ceux qui aimaient à faire des calembours en font plus que jamais. C’est un tic intellectuel dont on ne guérit point. Quand ils n’en trouvent pas de neufs, ils rééditent les anciens, ceux de notre jeunesse !


Cette chronique est une préface, et il me reste à vous raconter comment je plaidai ou plutôt comment je ne plaidai pas ma première cause.

Mais j’ai rempli l’espace qui m’était assigné, et il me faut remettre à une autre fois ce trait de ma vie qui vous expliquera pourquoi d’avocat je me suis fait chroniqueur.

Après cela, j’entrerai en besogne et vous raconterai, chaque semaine, les bruits et nouvelles du Palais, ce qui se passe dans ce petit monde de la chicane où chacun, à notre tour, nous devenons la pâture des avocats.