Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pardon, madame, il y a grande différence : vous étiez pauvre et votre fille est riche ; Monsieur Perret vous a choisie, votre fille peut choisir. Vous le voyez, madame, je ne vous flattais pas tout à l’heure comme vous m’en accusiez, puisque je vous tiens maintenant un langage qui blesserait une personne de moins d’esprit que vous. Alors j’ai cru pouvoir me permettre, pour mieux faire comprendre ma pensée sur l’avenir réservé à votre fille, de faire allusion aux circonstances qui seules expliquent l’alliance, si inégale au point de vue du mérite personnel, que vous avez contractée.

— Caroline a le temps de songer à tous ces beaux rêves. Je ne veux pas la marier trop tôt et je désire qu’elle jouisse à loisir de toute sa gloire de jeune fille. Quand elle aura tourné toutes les têtes, nous songerons à lui trouver le mari que nous rêvons tous deux pour elle. Je ne vous en remercie pas moins de l’intérêt que vous lui portez, et alors, croyez-moi, cher docteur, je m’en souviendrai.

Tandis que le Dr. Blandy et Mme Perret se livraient cet épanchement, si désintéressé, d’une part, si filial, de l’autre, la séance marchait son train. On jouait aussi la comédie sur la scène. Une lutte des plus vives s’y était engagée entre les coquillages, représentés par une perle fine, les fleurs, symbolisées par une rose des plus brillantes, et les oiseaux, figurés par un joli petit perroquet des mieux dressés. Les fleurs triomphèrent des coquillages, et furent à leur tour vaincues par les oiseaux.

Il y eut ensuite un chant de circonstance sur les vacances, paroles d’un poète local, musique de Rossini ; puis, quelques autres exercices littéraires : et enfin, la distribution des prix. L’appel des élèves à couronner fut fait par Mademoiselle Perret, d’une voix claire et qui ne devenait sympathique qu’en prononçant son propre nom.

Les deux élèves qui remportèrent le plus de prix furent Mademoiselle Aubé et Mademoiselle Perret. À chaque prix,