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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

des collines voisines. Un soir, les enfants les aperçurent trottinant dans un carré de laitues. « Pourquoi l’oncle, demanda Émile, a-t-il mis ces animaux dans le jardin, et nous a-t-il recommandé de les laisser tranquilles si nous venions à les rencontrer ? — Sans doute pour faire la guerre aux insectes nuisibles, répondit Jules. Tiens, regarde : en voilà un qui fouille le sol de son petit museau noir. Chut ! taisons-nous et voyons ce qu’il cherche. » Les enfants s’accroupirent derrière une ramée de pois pour ne pas être vus. Le hérisson, tantôt grattant avec les pattes, tantôt fouillant du bout du museau, semblable au groin du porc, finit par déterrer une grosse larve blanche qui probablement était attachée à la racine d’une laitue. Les enfants accoururent pour examiner le gibier capturé. Le hérisson surpris se hâta de se rouler en bouleDents du hérisson.
Dents du hérisson.
partout garnie de piquants. Dans le vers déterré Jules reconnut sans peine une larve de hanneton, dévorante engeance dont l’oncle avait déjà raconté la calamiteuse manière de vivre. À la veillée, quand Louis fut venu, le hérisson devint naturellement le sujet de la conversation.

Paul. — Il y a quelques années, rentrant assez tard, je rencontrai deux hérissons qui sortaient d’un tas de pierres. Je les nouai dans mon mouchoir pour les lâcher dans le jardin. Depuis lors ils n’ont cessé de me rendre certains services que vous pourrez apprécier en examinant les mâchoires que voici figurées.

Jules. — Des dents aussi pointues ne sont pas faites pour brouter l’herbage. Le hérisson doit se nourrir de proie. C’était pour la croquer que je l’ai vu tantôt déterrer une larve de hanneton.

Paul. — Remarquez que les dents sont armées de pointes aiguës, tant à la mâchoire supérieure qu’à la mâchoire infé-