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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

naître ces divers auxiliaires de l’homme en ses travaux des champs ; je vous raconterai leurs manières de vivre, leurs mœurs, leurs aptitudes ; je vous dirai les services qu’ils nous rendent. Mon but est atteint si je parviens à vous inspirer un peu de l’intérêt qu’ils méritent. Je commencerai par ceux dont la bouche est armée de dents ; mais d’abord donnons un coup d’œil général à la structure, à la forme des dents elles-mêmes, car de cette forme dépend le genre d’alimentation.

II

LES DENTS

Paul. — N’est-il pas vrai qu’il faut pour chaque genre de travail un outillage fait exprès ? Il faut au laboureur la charrue, au forgeron l’enclume, au maçon la truelle, au tisserand la navette, au menuisier le rabot ; et ces divers outils, tous excellents pour le travail qui les concerne, ne vaudraient rien pour un autre travail. Avec la navette, le maçon crépirait-il son mur ? Avec la truelle, le tisserand ourdirait-il sa toile ? Évidemment non. N’est-il pas vrai que d’après l’outillage on peut aisément reconnaître le genre de travail ?

Jules. — Rien ne me paraît plus facile. Si je vois appendus au mur des rabots et des scies, je reconnaîtrai que je suis dans l’atelier d’un menuisier.

Émile. — L’enclume, le marteau, les tenailles, m’indiqueront un forgeron ; le baquet pour le mortier, la truelle, le niveau, m’annonceront un maçon.

Paul. — Eh bien, chaque créature a son rôle spécial à remplir dans le grand atelier de la création, où tout s’agite, tout travaille suivant les desseins de la sagesse providentielle ; chaque espèce a sa mission, volontiers je dirais qu’elle a son métier à faire, métier exigeant un outillage particulier comme tout genre de travail de l’industrie humaine. Or, parmi les innombrables métiers des animaux, il en est un commun à tous sans exception, métier fondamental auquel sont subordonnés tous les autres, car sans lui la vie serait impossible : c’est le métier de manger.