Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/155

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que devait-il se passer dans sa petite cervelle de Sphex ?

Suivons maintenant l’Hyménoptère lorsque, le terrier étant prêt, il va retrouver sa victime, abandonnée non loin de là après la capture et l’opération de la paralysie. L’Éphippigère est dans un état comparable à celui du Grillon sacrifié par le Sphex à ailes jaunes, preuve certaine de coups d’aiguillons au thorax. Néanmoins, bien des mouvements persistent encore, mais dépourvus d’ensemble, quoique doués d’une certaine vigueur. Impuissant à se tenir sur ses jambes, l’insecte gît sur le flanc ou sur le dos. Il remue rapidement ses longues antennes, ainsi que les palpes ; il ouvre, referme les mandibules et mord avec la même force que dans l’état normal. L’abdomen exécute de nombreuses et profondes pulsations. L’oviscapte est brusquement ramené sous le ventre, contre lequel il vient s’appliquer presque. Les pattes s’agitent, mais avec paresse et sans ordre ; les médianes semblent plus engourdies que les autres. Au stimulant de la pointe d’une aiguille, tout le corps est pris d’un tressaillement désordonné ; des efforts sont faits pour se relever et marcher, sans pouvoir y parvenir. Bref, l’animal serait plein de vie, si ce n’était l’impossibilité de la locomotion et même de la simple station sur jambes. Il y a donc ici paralysie tout à fait locale, paralysie des pattes, ou plutôt abolition partielle et ataxie de leurs mouvements. Cet état si incomplet d’inertie aurait-il pour cause quelque disposition particulière du système nerveux de la victime, ou bien proviendrait-il de ce que l’Hyménoptère se borne à un seul coup de dard, au lieu de piquer chaque ganglion du thorax, ainsi que le fait le chasseur de Grillons ? C’est ce que j’ignore.

Telle qu’elle est, avec ses tressaillements, ses convulsions, ses mouvements dépourvus d’ensemble, la