Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/183

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Sphex qui les rencontrent se gardent bien de les recueillir, car ils introduiraient eux-mêmes des ennemis dans le logis.

Ces faits me paraissent démontrer que, si l’arithmétique du Sphex à ailes jaunes sait supputer exactement le nombre des victimes à capturer, elle ne peut s’élever jusqu’au recensement de celles qui sont arrivées à heureuse destination, comme si l’animal n’avait d’autre guide, en ses calculs, qu’une propulsion irrésistible l’entraînant à la recherche du gibier un nombre de fois déterminé. Quand il a fait le nombre voulu d’expéditions, quand il a fait tout son possible pour emmagasiner les captures qui en résultent, son œuvre est finie ; et la cellule est close, complètement approvisionnée ou non. La nature ne l’a doué que des facultés réclamées dans les circonstances ordinaires par les intérêts de ses larves ; et ces facultés aveugles, non modifiables par l’expérience, étant suffisantes pour la conservation de la race, l’animal ne saurait aller plus loin.

Je terminerai donc comme j’ai débuté. L’instinct sait tout dans les voies invariables qui lui ont été tracées ; il ignore tout, en dehors de ces voies. Inspirations sublimes de science, inconséquences étonnantes de stupidité, sont à la fois son partage, suivant que l’animal agit dans des conditions normales ou dans des conditions accidentelles.


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