Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/234

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jours la cellule que lorsque la larve, distendue par une bouillie alimentaire d’aspect vineux, refuse le manger et se couche, toute rebondie, sur le hachis d’ailes et de pattes du gibier dévoré.

Chaque fois qu’elle pénètre dans le terrier, au retour de la chasse, la mère n’apporte qu’un seul Diptère. S’il était possible, au moyen des débris contenus dans une cellule où l’éducation est finie, de compter les victimes servies à la larve, on saurait combien de fois au moins l’Hyménoptère a visité son terrier depuis la ponte de l’œuf. Malheureusement ces reliefs de table, mâchés et remâchés en des moments de disette, sont pour la plupart méconnaissables. Mais si l’on ouvre une cellule dont le nourrisson soit moins avancé, les vivres se prêtent à l’examen, quelques pièces encore entières ou presque entières, les autres, plus nombreuses, se trouvant à l’état de tronçons assez bien conservés pour être déterminés. Tout incomplet qu’il est, le dénombrement obtenu dans ces conditions frappe de surprise, en montrant quelle activité doit déployer l’Hyménoptère pour suffire au service d’une pareille table. Voici la carte de l’un des menus observés.

En fin septembre, autour de la larve du Bembex de Jules (B. julii[1], parvenue à peu près au tiers de la taille qu’elle doit définitivement acquérir, je trouve le gibier dont suit le détail. — 6 Echinomyia rubescens, deux entiers et quatre dépecés ; 4 Syrphus corollœ, deux au complet, deux autres en pièces ; 3 Gonia atra, tous les trois intacts et dont un apporté à l’instant même par la mère, ce qui m’a fait découvrir le terrier ; 2 Pollenia ruficollis, l’un intact, l’autre entamé ; le Bombylius réduit en marmelade ; 2 Echinomyia intermedia, à l’état de débris ; enfin 2 Pollenia floralis, encore à l’état de débris. Total : 20 pièces. Voilà certes un menu aussi

  1. Voir les notes pour la description de cette espèce nouvelle.