Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/292

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viers ; mais l’épaisseur de leurs parois et de leurs couvercles, deux millimètres au plus, ne paraît guère suffisante pour défendre les larves quand viendront les intempéries. Assis sur sa pierre, en plein air, sans aucune espèce d’abri, le nid subira les ardeurs de l’été, qui feront de chaque cellule une étuve étouffante, puis les pluies de l’automne, qui lentement corroderont l’ouvrage ; puis encore les gelées d’hiver, qui émietteront ce que les pluies auront respecté. Si dur que soit le ciment, pourra-t-il résister à toutes ces causes de destruction ; et s’il résiste, les larves, abritées par une paroi trop mince, n’auront-elles pas à redouter chaleur trop forte en été, froid trop vif en hiver ?

Sans avoir fait tous ces raisonnements, l’Abeille n’agit pas moins avec sagesse. Toutes les cellules terminées, elle maçonne sur le groupe un épais couvert, qui, formé d’une manière inattaquable par l’eau et conduisant mal la chaleur, à la fois défend de l’humidité, du chaud et du froid. Cette matière est l’habituel mortier, la terre gâchée avec de la salive ; mais, cette fois, sans mélange de menus cailloux. L’Hyménoptère en applique, pelote par pelote, truelle par truelle, une couche d’un centimètre d’épaisseur sur l’amas des cellules, qui disparaissent complètement noyées au centre de la minérale couverture. Cela fait, le nid a la forme d’une sorte de dôme grossier, équivalant en grosseur à la moitié d’une orange. On le prendrait pour une boule de boue qui, lancée contre une pierre, s’y serait à demi écrasée et aurait séché sur place. Rien au dehors ne trahit le contenu, aucune apparence de cellules, aucune apparence de travail. Pour un œil non exercé, c’est un éclat fortuit de boue, et rien de plus.

La dessiccation de ce couvert général est prompte à l’égal de celle de nos ciments hydrauliques ; et alors la dureté du nid est presque comparable à celle d’une