Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/295

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préoccupe des autres ; enfin une cohue de travailleurs rappelant l’essaim d’une ruche uniquement par le nombre et l’ardeur. Le mortier mis en œuvre est le même que celui du Chalicodome des murailles, aussi résistant, aussi imperméable, mais plus fin et sans cailloutage. Les vieux nids sont d’abord utilisés. Toute chambre libre est restaurée, approvisionnée et scellée. Mais les anciennes cellules sont loin de suffire à la population, qui, d’une année à l’autre, s’accroît rapidement. Alors, à la surface du nid, dont les habitacles sont dissimulés sous l’ancien couvert général de mortier, d’autres cellules sont bâties, tant qu’en réclament les besoins de la ponte. Elles sont couchées horizontalement ou à peu près, les unes à côté des autres, sans ordre aucun dans leur disposition. Chaque constructeur a les coudées franches. Il bâtit où il veut, à la seule condition de ne pas gêner le travail des voisins ; sinon les houspillages des intéressés le rappellent à l’ordre. Les cellules s’amoncellent donc au hasard sur ce chantier où ne règne aucun esprit d’ensemble. Leur forme est celle d’un dé à coudre partagé suivant l’axe, et leur enceinte se complète soit par les cellules adjacentes, soit par la surface du vieux nid. Au dehors, elles sont rugueuses et montrent une superposition de cordons noueux correspondant aux diverses assises de mortier. Au dedans, la paroi en est égalisée sans être lisse, le cocon du ver devant plus tard suppléer le poli qui manque.

À mesure qu’elle est bâtie, chaque cellule est immédiatement approvisionnée et murée, ainsi que vient de nous le montrer le Chalicodome des murailles. Semblable travail se poursuit pendant la majeure partie du mois de mai. Enfin tous les œufs sont pondus, et les Abeilles, sans distinction de ce qui leur appartient et de ce qui ne leur appartient pas, entreprennent en commun l’abri général de la colonie. C’est une épaisse couche de mortier, qui remplit les intervalles et recouvre l’ensemble des