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Cerceris qui les avait enfouis et emmagasinés. Le croiriez-vous, sur plus de quatre cents individus exhumés, il ne s’en est pas trouvé un seul qui n’appartint au vieux genre Bupreste. La plus minime erreur n’a point été commise par notre savant hyménoptère. Quels enseignements à puiser dans cette intelligente industrie d’un si petit insecte ! Quel prix Latreille n’aurait-il pas attaché au suffrage de ce Cerceris en faveur de la méthode naturelle[1].

Passons maintenant aux diverses manœuvres du Cerceris pour établir et approvisionner ses nids. J’ai déjà dit qu’il choisit les terrains dont la surface est battue, compacte et solide ; j’ajoute que ces terrains doivent être secs et exposés au grand soleil. Il y a dans ce choix une intelligence, ou, si vous voulez, un instinct qu’on serait tenté de croire le résultat de l’expérience. Une terre meuble, un sol uniquement sablonneux, seraient, sans doute, bien plus faciles à creuser : mais comment y pratiquer un orifice qui pût rester béant pour le besoin du service, et une galerie dont les parois ne fussent pas exposées à s’ébouler à chaque instant, à se déformer, à s’obstruer à la moindre pluie ? Ce choix est donc rationnel et parfaitement calculé.

Notre hyménoptère fouisseur creuse sa galerie au moyen de ses mandibules et de ses tarses antérieurs, qui, à cet effet, sont garnis de piquants raides, faisant l’office de râteaux. Il ne faut pas que l’orifice ait seulement le diamètre du corps du mineur ; il faut qu’il puisse admettre une proie plus volumineuse. C’est une prévoyance admirable. À mesure que le Cerceris s’enfonce dans le sol, il amène au dehors les déblais, et ce

  1. Les 450 Buprestes exhumés appartiennent aux espèces suivantes : Buprestis octo guttata ; B. bifasciata ; B. pruni ; B. tarda ; B. biguttata ; B. micans ; B. flavo maculata ; B. chrysostigma ; B. novem maculata.