Page:Fabre - Une nouvelle figure du monde. Les Théories d’Einstein.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tiques et de les exposer brièvement. Mais l’importance de l’œuvre maxwellienne se révèle considérable au point de vue philosophique. Il faut imaginer un cerveau dont la puissance constructive se compare à celle de Newton ou de Copernic et qui, pourtant, ne pense pas suivant les mêmes modes. Ne nous attendons pas à un système d’images ordonnées, ayant une figure géométrique ou mécanique clairement discernable avant de pénétrer le secret des calculs. L’élément concret est rigoureusement caché ; il est la récompense de l’étudiant qui ne le trouve en soi-même que par les interprétations fugitives des symboles algébriques. L’union des hétérogènes, dans l’essai pathétique d’une réalisation continue, s’effectue grâce aux opérateurs mathémathiques, pour ainsi dire sans qu’il reste la trace du langage ordinaire et même d’une conscience personnelle. La rigueur de l’algèbre, en qui notre acte de foi nous assure le salut, ignore les défaillances de représentations débiles ; au jeu des formules, avec ces quantités dont les modifications formelles ne révèlent à nos yeux d’aveugles rien de la réalité qu’elles enveloppent, nous abandonnons notre main dans l’espoir de merveilleux destins.

Quelle étonnante part de chance et de divination dans cette œuvre ! Boltzmann l’avait entrevue qui écrivait en tête de son livre sur Maxwell : « Ist es ein Gott der diese Zeichen