Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/24

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(Il lit la lettre d’une manière lente, bien articulée et réfléchie.)

« Après tout ce que je vous ai dit hier, monsieur l’avocat, je ne vois pas pourquoi vous n’avez pas déjà fait choix d’un procureur qui comprenne et hâte comme il faut notre affaire. J’arriverai demain au soir (aujourd’hui) de Versailles à Paris. Si dans la journée vous n’avez pourvu à cela, pour contraindre, sans retard, le comte de Valancès au paiement de son billet, et d’une manière convenable à bien lier ce comte de Valancès, il faudra chercher d’autres moyens. Je suis votre serviteur. Robert. »

(Il plie la lettre et la serre.)

Ah ! Fourbe dangereux ! Robert, monsieur Robert,
Dans les crimes adroits vous êtes un expert.
Mais je vous préviendrai, pour peu qu’on me seconde.
On vient… Çà, pour remplir l’espoir où je me fonde,
Dépêchons…


Scène III

DUBOIS, ALCESTE, L’AVOCAT.
ALCESTE.

Dépêchons…Eh ! Dubois !… sors ; et fais qu’un moment
On me laisse tranquille en cet appartement.

(Dubois sort.)

Aux périls du hasard, monsieur, sans vous connaître,
Je vous fais appeler, et j’ai bien fait peut-être ;
Car, si tout votre aspect est un parfait miroir,
Vous êtes honnête homme, autant que je puis voir.

L’AVOCAT.

Monsieur…

ALCESTE.

Monsieur…Ne croyez pas qu’ici je m’en informe :
De telles questions sont toujours pour la forme ;
Et c’est dans le travail que je vais vous livrer
Que je verrai, de vous, ce qu’il faut augurer.

L’AVOCAT.

N’attendez pas non plus, monsieur, que je m’épuise
À vous persuader sur ma grande franchise.