Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/56

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Vous seriez compromis ; l’honneur et votre place…

LE PROCUREUR

Bagatelle !… ceci n’a rien qui m’embarrasse.

ALCESTE, au procureur.

Sors donc ! fuis loin de nous.

LE PROCUREUR, menaçant.

Sors donc ! fuis loin de nous.Oui, je sors… À mon tour…
Il est tard, la nuit vient… Demain il fera jour.

(Il s’avance pour sortir.)
PHILINTE, égaré.

Hé ! Champagne ! à l’instant les chevaux, la voiture !…

LE PROCUREUR, retournant.

Évasion subite !… À demain…

(Il sort.)

Scène IX.

ALCESTE, PHILINTE.
PHILINTE, désespéré, et s’abîmant dans un fauteuil.

Évasion subite !… À demain…L’imposture
Peut-elle aller plus loin ?… Je ne sais où j’en suis.

ALCESTE.

Vous pouvez disposer de tout ce que je puis.
Mes reproches, monsieur, seraient justes, je pense ;
Mais mon cœur les retient ; le vôtre m’en dispense.
Tout mérité qu’il est, le malheur a ses droits :
La pitié des bons cœurs, le respect des plus froids :
Mon âme se contraint, quand la vôtre est pressée.
Quand vous serez heureux, vous saurez ma pensée.
Allons nous consulter sur cette affaire-ci :
Je vais faire avertir mon avocat aussi.
Je souffre horriblement pour votre aimable femme.
Quant à vous… Profitez ; c’est le vœu de mon âme.

(Il va pour sortir : il voit que Philinte est abîmé dans sa douleur ; la pitié le ramène ; il le prend par la main et l’emmène avec lui.)