Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/75

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Veulent nos premiers soins ; notre intérêt, le reste.

PHILINTE.

Que dites-vous, madame, et quel est ce discours ?
Lui fais-je, s’il vous plaît, refus de mes secours ?

ÉLIANTE.

Vous rentrez seulement, et vous venez de faire
Une assez longue absence…

PHILINTE.

Une assez longue absence…Eh oui ! pour mon affaire.

ÉLIANTE.

Et je vois que pour nous, inquiet, empressé,
À ce sincère ami vous n’avez pas pensé.
Ah ! Philinte…

PHILINTE.

Ah ! Philinte…Écoutez : venez, chère Éliante ;
Je vous demande une heure, et vous serez contente.

ÉLIANTE.

Ah ! tout ce que j’apprends me frappe et m’attendrit ;
Alceste, Alceste seul occupe mon esprit.
Oubliez-vous si tôt sa peine et ses services ?
Avez-vous fait pour lui d’assez grands sacrifices ?
Mon ami, redoutez un peu moins vos dangers :
À qui fait son devoir les maux sont plus légers.
Rappelez, croyez-moi, votre cœur à lui-même ;
Et, malgré les efforts de ma tendresse extrême,
Ne laissez pas le soin à ma timide voix
D’exciter l’amitié, d’en retracer les lois.
Elle parle à votre âme, écoutez ses murmures.
Laissez pour aujourd’hui dans leurs routes obscures
Les méchants préparer leurs inutiles coups.
Alceste à leur fureur vient de s’offrir pour vous ;
Et quand, d’une autre part, on l’attaque, on l’arrête,
Seriez-vous le premier à détourner la tête ?
Allons le voir ; peut-être attend-il notre appui.
Nous serons pour demain ; mais Alceste aujourd’hui.

PHILINTE.

Demain, sera-t-il temps de prévenir l’orage ?
Et demain cependant, avec double avantage,
Débarrassé de soins, d’un cœur plus affermi