Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/81

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« Qu’un emprisonnement, jusqu’au bout de l’affaire,
« Au criminel des deux garantisse un salaire.
« C’est moi, moi, comte Alceste, homme de qualité,
« Qui, sans aller plus loin, réclame ce traité. »
À ces mots, soutenus de ce que le courage
Peut donner d’énergie ainsi que d’avantage,
Le procureur affecte un scrupuleux soupçon :
Robert, épouvanté, fait bien quelque façon,
Et sous de vains propos sa crainte se déguise.
Mais, infaillible effet d’une ferme franchise
Qui va droit au méchant, il succombe à cela :
On me rend le billet, et je l’ai : le voilà.

(Il donne sèchement le billet à Philinte.)
ÉLIANTE.

Cher Alceste ! Ô vertu ! quel zèle magnanime !

ALCESTE.

Pour vous toujours, madame, égal à mon estime.
Et quand il éclatait, même hors de ces lieux,
Votre douleur, sans cesse, était devant mes yeux.

L’AVOCAT, à Alceste.

Combien de vos succès mon cœur vous félicite !

ALCESTE, à l’avocat.

Je le crois. Voulez-vous, monsieur, que je m’acquitte
D’en avoir, par vos soins, obtenu le moyen ?

L’AVOCAT.

Monsieur…

ALCESTE.

Monsieur…Soyons amis.

L’AVOCAT.

Monsieur…Soyons amis.Ce fortuné lien…

ALCESTE.

L’acceptez-vous ?

L’AVOCAT.

L’acceptez-vous ? Monsieur, du plus vrai de mon âme.

ALCESTE.

Eh bien ! libre aujourd’hui d’une poursuite infâme,
Je retourne à ma terre : y voulez-vous venir ?
C’est là que l’amitié saura vous retenir :
Vous me convenez fort, nous y vivrons ensemble.