Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/41

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système, c’est une nouvelle tendance. Ce n’est pas précisément une nouvelle mentalité, c’est un nouveau cœur. Il aime d’un autre côté. Il a une tendance maîtresse qu’il n’avait pas et qui est le contraire de celle qu’il avait auparavant.

Et ce n’est pas tout à fait vrai ; car ces choses-là ne sont jamais vraies et il n’y a que les serpents qui changent de peau et il n’y a aucun animal qui change d’instinct. Nietzsche a toujours aimé la nouveauté et un peu l’excentricité. Il devrait songer un peu qu’il n’a jamais été Kantien, ni Hégélien. Il a été avec Schopenhauer, parce que Schopenhauer était le dernier venu ; il a été avec Wagner, essentiellement pour la même raison. Un goût de quelque chose de nouveau et de nature à étonner un peu le philistin a toujours été chez Nietzsche. Et, où nous le voyons maintenant, qu’est-il ? Un homme qui cherche à être nouveau et novateur et révolutionnaire et insurgé, encore ; mais comment ? D’une excellente façon : par une pensée nouvelle qui soit à lui. Il cherche la nouveauté dans l’originalité, dans la personnalité. Il a bien raison ; mais il obéit encore à un des instincts antérieurs de sa nature.

Ce qu’il faut dire, c’est qu’une des tendances innées de Nietzche l’a incliné à se donner, vers la vingt-cinquième année, une tendance générale qui,