Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/163

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Voilà l’explication de cette parole de M. Anatole France : « Nous réclamons la liberté véritable, celle qui n'admet pas de liberté contre elle. »

C’est ainsi encore que M. Ferdinand Buisson, dans une interview, qu’il a confirmée depuis en la développant, disait : « Vous me parlez de liberté ! Ce que je veux, c’est ceci : la liberté pour l’homme libre. Point de liberté pour l’homme qui n’en veut pas, prêtre ou religieux, qui a juré de ne croire et de penser qu’en obéissance à un autre que lui. »

Cela, c’est un papisme d’un autre genre que le précédent ; mais c’est encore un papisme caractérisé. C’est l’infaillibilisme. C’est le fait de proclamer qu’on a en soi la vérité, toute la vérité, la seule vérité, et que personne autre ne peut l’avoir.

— « Non pas, vont me répondre les absolutistes. Vous faites une confusion grave et peut-être volontaire. Il ne s’agit pas de vérité, mais de liberté. Nous ne prétendons pas avoir en nous la vérité, comme font les catholiques, comme font les inquisiteurs ; nous prétendons avoir en nous la liberté, l’esprit de liberté, l’esprit d’affranchissement et les méthodes d’affranchissement des esprits et des âmes. Nous n’imposons pas un dogme, nous conduisons les esprits à l’état de parfaite liberté de choix où ils pourront se faire à eux-mêmes le dogme qu’ils voudront. — Et dès lors nous disons : nous seuls avons le droit, au nom de la liberté même, de