Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/164

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refuser la liberté d’enseigner à tous ceux qui enseignent dans un autre esprit, à tous ceux qui repoussent la liberté de penser, à tous ceux qui pour dogme essentiel ont précisément cette idée qu’il ne faut pas penser librement. Et donc la liberté véritable ne reconnaît pas de liberté contre elle. »

Je répondrai que c’est une simple transposition qui n’est en vérité que dans les mots. Le despotisme que les catholiques prétendaient exercer au nom de la vérité, vous prétendez l’exercer au nom de la liberté ; et au fond c’est exactement la même chose. Il faut savoir un peu ce qu’il y a au fond de ce mot de liberté que vous employez. Vous enseignerez bien quelque chose, n’est-ce pas ? Vous ne vous bornerez point, n’est-ce pas, à dire : « Cherchez ! cherchez en pleine liberté d’esprit ! » auquel cas je reconnaîtrais que votre raisonnement au moins se tiendrait debout. Vous enseignerez quelque chose. Or de trois choses l’une, et je n’en vois pas, en bien cherchant, une quatrième.

1° Ou, sans imposer jamais aucune doctrine, vous donnerez des méthodes de recherches de la vérité. Mais ces méthodes mêmes, elles seront pénétrées d’un certain esprit qui ne sera pas une doctrine, soit, mais qui sera un enseignement, qui sera un maniement et un dressage de l’esprit. Mais, c’est déjà une réalité, cela ; c’est déjà quelque chose de très réel, de très important, d’essen-