Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/173

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comme je crois que je le démontrerai plus loin, qu’il ne soit très intelligent ; mais c’est une l’hypothèse où il ne faut point séjourner ; avez-vous remarqué que les hommes les plus intelligents, une fois qu’ils ont réussi, ne sont plus très intelligents ?

Ce grand principe : maintenir l’unité morale du pays, qui est, du reste, la devise de très grands États, comme l’Empire russe et l’Empire ottoman, ne s’applique pas, d’ailleurs, seulement à l’Enseignement public. Il s’applique et il doit s’appliquer, et il ne se peut pas qu’il ne s’applique point à la religion, comme nous l’avons vu déjà, et un gouvernement ne peut pas tolérer plus que Louis XIV qu’il y ait sur la surface du territoire trois religions, plus une antireligion, plus une indifférence en matière de religion, ce qui fait cinq partis spirituels ; et alors où en est l’unité morale ?

Il s’applique, ce principe, et il doit s’appliquer, et il ne se peut pas qu’il ne s’applique point à la liberté de la presse. Je dis qu’il ne se peut pas qu’il ne s’y applique point ; car voyez les contradictions et les difficultés matérielles. Ce collégien que vous élevez dans vos idées, ce collégien à qui vous donnez une éducation laïque, républicaine, démocratique, rationnelle, critique et sociale, ce collégien sort, va chez son père et y trouve des journaux qui ne sont rien de tout cela. Voilà cette jeune âme empoisonnée, ce jeune esprit perverti, ce jeune lévite contaminé.