Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/184

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ses affaires par les autres au lieu de les faire soi-même.

C’est ainsi, en France, qu’une partie considérable de la bourgeoisie, au milieu du xviiie siècle, se détacha du catholicisme, du protestantisme, du jansénisme, devint vaguement spiritualiste et déiste, et se proclama philosophe. Il n’y avait rien de plus légitime et il n’y avait pour elle qu’une chose à faire immédiatement : s’associer, s’organiser pour créer un enseignement « philosophique », un enseignement qui ne fût ni catholique, ni protestant, ni janséniste, ni juif. C’est la première chose à quoi un Anglo-Saxon eût songé. Elle, non. Ses guides, Voltaire, Diderot, Rousseau, d’accord sur ce point, ne lui recommandèrent qu’une chose : persuader au gouvernement d’arracher l’enseignement aux catholiques et de le donner lui-même ; persuader au gouvernement d’être « philosophe » ; persuader au gouvernement d’avoir une philosophie d’Etat et de créer un enseignement d’Etat pour la répandre. Car on sait que Voltaire, Diderot et Rousseau sont les apôtres de la liberté.

Qu’arriva-t-il ? Jésuites, Oratoriens et autres furent dépossédés de l’enseignement. Napoléon établit un enseignement d’Etat et la France eut une liberté de moins. Elle en fut enchantée, naturellement. Seulement un siècle après, quand d’une part on supprime l’enseignement libre qui s’est tant mal que bien reconstitué et quand on supprime