Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/238

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« Je suis chargé par la Providence ou par l’histoire, par la succession des faits, de faire régner l’ordre matériel dans ce pays, de le défendre d’avance par diplomatie, à un moment donné par les armes, contre l’étranger. Du reste je puis faire tout autre chose et toute autre chose. Mais en limitant à cela mes préoccupations et mes soins, je remplis évidemment tout mon devoir ; je me borne à ne pas m’en créer de nouveaux ; et peut-être rendrai-je ma tâche beaucoup plus simple, beaucoup plus facile et beaucoup plus agréable. — Qu’ai-je à faire de m’occuper d’éducation ? Que les pères élèvent leurs enfants et prennent qui ils voudront pour les aider à les élever. Je ne suis pas le père de mes sujets. Il me suffira de constater que les maisons d’éducation ne sont pas des rendez-vous de débauche. Je gagnerai à cela de n’avoir pas à prendre parti dans la querelle des Universaux, ce qui est une abstention agréable. — Qu’ai-je à faire de m’occuper de religion ? Je ne suis pas un pape. Je ne tolérerai pas une religion qui pratiquera des sacrifices humains, ou qui défendra de se plier au service militaire. Evidemment ; ces choses sont d’ordre matériel ou de défense nationale. Mais toute religion qui aboutira à une morale sociale non destructrice de l’Etat, je ne songerai nullement à l’inquiéter ni du reste à la protéger, ni à la soutenir. C’est à ses fidèles à la soutenir et aux fidèles des autres religions à la discuter. Je gagne-