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CHAPITRE III

LA LIBERTÉ INDIVIDUELLE

Il faut commencer notre étude sur les libertés, c’est-à-dire sur les limites raisonnables du droit de l’État, par la liberté individuelle, parce qu’elle est comme la liberté essentielle, comme la liberté en soi et que toutes les autres n’en sont que l’extension, ou plutôt que l’application ou la garantie.

La liberté individuelle est le droit que je me crois de vivre à ma guise, d’agir à ma guise tant que je ne fais de mal à personne et tant que je ne gène sérieusement personne.

Je mets le mot « sérieusement » tout à fait à dessein. Car si je ne le mettais point, la liberté individuelle courrait grand risque. Je gêne quelqu’un et même beaucoup de personnes par ma manière de vivre et d’agir, dès que je vis et que j’agis d’une manière qui n’est pas absolument banale. Les hommes, un peu partout, et surtout dans certains pays et particulièrement en France, ont horreur de la liberté individuelle, c’est-à-dire de la tendance qu’a un homme à agir personnellement. Ils regardent cet homme d’un mauvais œil, et la manière dont il se conduit est pour eux une