Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/118

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plus inutiles qu’ils ne sont funestes dans une république.

Il en est d’autres qui « à la persuasion que l’univers est vide de divinité joignent une impuissance à modérer leurs passions ». Ceux-ci feignent quelquefois la religion, et c’est de leur troupe « que sortent les devins et faiseurs de prestiges » ; — ou ils ne feignent rien, mais ne sont retenus par aucun frein, et c’est de leur troupe aussi que sortent les « orateurs, les généraux d’armée », les politiciens de toutes sortes et « les sophistes avec leurs raisonnements captieux », politiciens aussi pour la plupart.

Il en est d’autres encore qui croient que les dieux existent, mais qu’ils ne s’occupent pas du tout des affaires humaines ; et ils sont aussi dangereux par la morale que les précédents et ce sont des déistes ad honores et des athées pratiques.

Et il y en a d’autres enfin qui croient qu’il existe des dieux, mais qu’ils sont aisés à fléchir par les prières ; et ce sont des athées en ce sens qu’ils n’ont de la Divinité aucune idée juste, ni même aucune idée ; et des athées très dangereux, puisqu’ils mettent leurs disciples exactement dans le même état moral où ils les mettraient s’ils croyaient et disaient que la Divinité n’existe pas.

Il faut donc croire à un Être suprême pour ne