Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/120

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trait que c’est là l’essentielle raison de la formation du monde admettrait la vérité. »

Il ne faut donc pas oublier qu’il y a deux causes en ce monde, la Nécessité et la Divinité, et que cette dernière n’a fait pour ainsi dire que prendre sur l’autre tout ce qu’elle pouvait prendre : « L’artisan de ce qu’il y a de meilleur s’emparait de ce qui convenait à ses desseins parmi les choses qui sont dans l’éternel devenir, lorsqu’il engendrait le monde organisé. Il s’en servait comme de causes auxiliaires pour exécuter son plan et, pour ce qui était de lui, il s’efforçait de façonner tous ses ouvrages à la ressemblance du bien. Voilà pourquoi il nous faut distinguer deux sortes de causes, l’une nécessaire et l’autre divine ; rechercher en toutes choses la cause divine afin d’obtenir une vie heureuse » par la piété et la vertu, « mais sans oublier la cause nécessaire » pour pouvoir comprendre ce qu’il y a de mauvais dans notre existence.

C’est donc une espèce de blasphème que de dire que Dieu est cause de tout. Ce sont les poètes et les étourdis qui disent cela : « Dieu, étant essentiellement bon, n’est pas cause de toutes choses, comme on le dit communément. Si les biens et les maux sont tellement partagés entre les hommes que le mal y domine, Dieu n’est cause que d’une petite partie de ce qui arrive aux hommes et il