Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/130

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avant notre moi actuel. Cela se vérifie, on peut le dire, et par expérience. Quand vous enseignez quelque chose à un enfant, vous ne le lui enseignez pas, en vérité, dans le sens précis du mot, vous le lui faites trouver. Il le trouve de lui-même, placé dans les conditions favorables à cette découverte, mis sur la voie. Il vous dira que la somme des angles d’un triangle est égale à deux angles droits, sans que vous le lui disiez, pourvu seulement que vous ayez attiré son attention sur les propriétés du triangle, sur sa structure, sur sa façon d’être. Qu’est-ce à dire, sinon que ce qu’il vient de trouver, il le savait ? S’il le savait, c’est qu’il s’en souvient.

D’où lui vient ce souvenir ?

Admettons qu’il n’ait pas de connaissances formelles si précises que celle là. Tout au moins saura-t-il, sans que personne le lui ait jamais appris, et qu’il vous dira, sans que vous le lui ayez dit et surtout, remarquez-le, si vous lui dites le contraire, que le tout est plus grand que la partie, que l’espace a trois dimensions, qu’il est impossible que quelque chose à la fois soit et ne soit pas, que deux corps ne peuvent pas occuper le même espace, qu’un seul corps ne peut pas en même temps être en deux endroits. Que de choses il sait sans qu’on les lui ait enseignées, et que de choses il