Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/133

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nelle qui sont les corps, y apportent des notions ou des idées générales nécessaires à l’humanité, les y conservent et les y maintiennent, cela ou éternellement, ou jusqu’à ce que l’humanité, si telle est la volonté divine, disparaisse.

Cette vue est surtout métaphysique, elle est une manière d’expliquer un fait universel qui est curieux et surprenant ; elle a cependant aussi son importance morale. Dépositaires de la connaissance, nous devons respecter en nous ce qui nous vient, à travers les siècles, du premier auteur et de celui en qui toute connaissance réside, et nous devons nous respecter nous-mêmes comme détenteurs de ce trésor plus qu’humain. Le sophisme est un péché, une atteinte à Dieu ; c’est le crime intellectuel et le sacrilège intellectuel. La faute purement morale elle-même est plus grave qu’on ne le croyait avant de considérer qu’il y a du divin en nous qui y reste, quoi que nous fassions, et que nous l’offensons en faisant le mal. Nous sommes un temple que le péché profane et souille. La théorie métaphysique de la réminiscence et des idées innées est profondément pénétrée de préoccupations morales, s’il n’est pas à dire que c’est d’une préoccupation morale qu’elle est née.

Peut-être en peut-on dire autant de la théorie des Idées éternelles. La théorie des Idées est toute