Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une mythologie qui pourrait suppléera l’autre et qui a pour mérite et pour supériorité d’être plus pure, plus céleste, moins anthropomorphique et de n’être nullement anthropomorphique et de combattre l’instinct anthropomorphique si puissant chez les Grecs et même à peu près chez tous les hommes.

Quand vous voyez un objet, cette table par exemple, vous n’avez l’idée que d’un seul objet, ou pour mieux dire, remarquez-le bien, vous n’avez qu’une image. Quand vous voyez deux objets du même genre, une petite table par exemple et une grande, vous avez une idée générale de table, une idée qui n’est plus une image, qui est une abstraction, c’est-à-dire que vous avez tiré cette idée unique de deux objets en vous attachant à ce qu’ils avaient de commun et en éliminant ce qu’ils avaient de particulier. Si vous voyiez tous les objets du même genre qui existent dans l’univers, soit toutes les montagnes, toutes les maisons, tous les hommes, vous auriez de chacun de ces groupes d’objets une idée abstraite qui serait générale et même qui serait universelle.

Cette idée qui peut l’avoir ? Dieu seul. Il l’a. Il l’a complète, il l’a en sa plénitude, et elle vit en lui. Il existe en Dieu une idée universelle de tout ce qui existe ici-bas à l’état de chose réelle. Seule-