Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/22

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avait fait des vers dans sa jeunesse, à ce que l’on a toujours affirmé, et en tout cas il s’était nourri, comme on le voit par ses œuvres, de tous les poètes grecs et par conséquent il avait dû faire des vers lui-même. Il était métaphysicien et avait lu, probablement dès sa jeunesse, tous les philosophes grecs des temps passés. Tout porte à croire qu’il avait eu une jeunesse, élégante et amoureuse, ce qui était presque un devoir de condition dans la classe à laquelle il ppartenait. La complaisance avec laquelle il parle d’Alcibiade si souvent, indique qu’il l’avait pendant un assez long temps pris pour modèle.

Mais il arriva à l’âge de jeune homme fait, au moment où les Athéniens inclinaient décidément vers la démocratie, au moment où les jeunes Athéniens de distinction s’abandonnaient sans réserve au culte des poètes et à la direction des sophistes et au moment où Socrate prêchait à tout venant une morale très simple avec le mépris de la métaphysique, de l’éloquence, de la poésie et de la théologie.

Cette manière de moine pauvre, sinon de moine mendiant, intéressa Platon comme une nouveauté curieuse. Il le suivit, il l’écouta, il l’interrogea, il le fit parler ; il le fit écrire même, en ce sens qu’il s’amusa à mettre en quelque petit livre un écho,