Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une aberration, devient naturel si l’on n’y voit qu’une hyperbole satirique, une raillerie aristophanesque, une manière de contredire violemment et une façon de prendre furieusement à contre-pied ce qui était cher aux Athéniens ou ce qui leur était ordinaire.

Je ne donnerai qu’un exemple de ce dont je pourrais donner cent. Voici, sous prétexte de rechercher quel est le meilleur gouvernement, tout simplement un portrait satirique des Athéniens et une vive parodie de leur gouvernement et de leurs mœurs et institutions politiques : « Revenons encore une fois à ces images auxquelles il faut comparer les chefs et les rois : l’habile pilote, le médecin. Figurons-nous les dans un cas particulier et observons-les dans ce cas. Le cas le voici : nous croyons tous avoir à souffrir de leur part les plus terribles traitements. Celui d’entre nous qu’ils veulent conserver ils le conservent ; celui qu’ils ont résolu de tourmenter, ils le tourmentent, en coupant, en brûlant ses membres, en se faisant remettre comme une sorte d’impôt, des sommes d’argent, dont ils emploient une faible partie ou même rien au profit du malade et détournent le reste à leur propre profit, à eux et à leurs serviteurs. Enfin ils reçoivent des parents ou des ennemis du malade un salaire et le font mourir. Voilà, n’est-ce pas, ce que nous croyons