Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/43

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serait un peu affaibli et qui répéterait avec l’obstination des vieillards les risibles maximes de gouvernement et les vieilles décisions du temps de sa jeunesse sans vouloir rien entendre à personne : « La loi ne pouvant jamais embrasser ce qu’il y a de véritablement meilleur et de plus juste pour tous à la fois, ne peut non plus ordonner ce qu’il y a de plus excellent, car les différences qui distinguent tous les hommes et toutes les actions et l’incessante variabilité des choses humaines toujours en mouvement, ne permettent pas à un art, quel qu’il soit, d’établir une règle simple et unique qui convienne à tous les hommes et dans tous les temps. Et c’est pourtant là, nous le voyons, le caractère de la loi, pareille à un homme obstiné et sans éducation qui ne souffre pas que personne fasse rien contre sa décision et qui ne s’inquiète de rien, non pas même s’il venait à quelqu’un, une idée nouvelle et préférable à ce que lui-même a établi. »

Il faut donc reconnaître que la Démocratie est un bien mauvais gouvernement, puisque, même sous sa meilleure forme, il est détestable. La démocratie déréglée, la mauvaise démocratie consiste à faire continuellement des lois, aujourd’hui contre une personne, demain contre une autre, aujourd’hui contre une classe de personnes, de-