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ni solides ? C’est l’histoire de leur famille qu’ils racontent, il faut donc l’accepter de confiance, selon l’usage. Telle est donc, nous n’en doutons pas, la généalogie de ces Dieux : De la Terre et du Ciel naquit l’Océan… »

Il y a dans ce passage de quoi boire autant de ciguë qu’il en faut pour aller voir les Dieux de très près.

Enfin tout à fait sérieusement, ce qui se marque à ce que Platon tient à excuser ce qu’il attaque et à donner la raison d’être de ce que du reste il condamne, il parle ainsi de la mythologie tout entière : « Qu’on n’entende jamais dire parmi nous que Junon…, ni raconter tous ces combats des Dieux inventés par Homère, qu’il y ait ou non des allégories cachées sous ces récits ; car un enfant n’est pas en état de discerner ce qui est allégorique et ce qui ne l’est pas, et tout ce qui s’imprime dans l’esprit à cet âge y laisse des traces que le temps ne peut effacer… »

Ici Platon dit tout en très peu de mots, contrairement à ses habitudes. Il a l’air de croire, comme les hommes du xviie siècle, que la mythologie a été inventée par les poètes ; mais il indique qu’il sait très bien que les mythes sont des idées très profondes sur les forces, les luttes et les mystères de la nature, idées revêtues de symboles et de méta-