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ne pas croire à la Providence et d’imaginer un Dieu ou des dieux indifférents aux choses humaines. — La troisième est de croire « qu’on gagne les dieux par des prières ».

Ces trois sortes d’impiété sont aussi graves et aussi funestes les unes que les autres. Ne pas croire à la Divinité provient toujours d’une perversité naturelle ou acquise. — Y croire, mais se persuader « qu’elle ne se met point en peine de ce qui nous touche provient ou du besoin que l’on a qu’il n’y ait point de juge, ou de la conscience que l’on a de crimes commis et qu’on ne veut pas qui soient jugés, et c’est une sorte d’anarchisme moral. — Y croire, croire qu’elle s’occupe de nous, mais croire qu’elle peut être fléchie par des sacrifices et des prières, c’est d’abord en avoir un incroyable mépris et mieux vaudrait n’y pas croire ; c’est ensuite la prendre pour complice et puiser dans les rapports que l’on a avec elle, dans la « sainteté », un encouragement à mal faire. Un « saint » est un coquin qui prend une assurance contre les Enfers et qui, pour l’avoir prise, se confirme dans le propos d’être un coquin. Et cette impiété est peut-être la plus effroyable des trois, parce qu’elle est la plus raffinée.

Aussi les hommes devraient dire aux législateurs : « Nous exigeons de vous que vous nous