Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/82

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pas poète épique ! », doit-on dire maintenant ; « il regrette vraiment de n’être pas un sophiste et il veut l’être au moins dans la forme » ? — C’est plutôt très vaste et souple compréhension et maîtrise intellectuelle ; et ce qu’il y a de bon, à son avis et selon son goût, dans chaque chose, et l’âme de bonté qu’il y a dans les choses mauvaises et l’âme de vérité qu’il y a dans les choses fausses, comme a dit Spencer, il ne voudrait pas quelles lui échappassent et il sentirait un manque à en être privé.

Il n’est personne d’un peu cultivé qui ne soit un peu dans cet état d’esprit et il suffit de ne point s’y complaire trop et de ne s’y point trop arrêter ; mais à la fois on peut trouver que Platon s’y est trop amusé pour rester toujours clair ; et à la fois on serait fort désespéré qu’il n’eût aucunement cédé à cette tendance.

Il a détesté les prêtres et les dieux ; et, non seulement c’est un esprit religieux et un esprit mystique ; mais c’est un prêtre et c’est un mythologue et un mythopoète et comme un démiurge de mythes. Nul doute qu’il n’eût l’esprit sacerdotal, qu’il n’eût voulu être un prêtre, un prêtre très pur, un prêtre à faire rougir et à plonger dans la confusion les prêtres qui l’environnaient ; mais un prêtre. La République tout entière et aussi et