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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/129

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ŒUVRES HISTORIQUES EN VERS

La Bavière confuse au bruit de ses exploits,
Gémit d’avoir quitté le protecteur des rois.
Naple est en sûreté, Turin dans les alarmes.
Tous les rois de son sang triomphent par ses armes ;
Et de l’Ebre à la Seine en tous lieux on entend :
Le plus aimé des rois est aussi le plus grand. »

Voilà ce qu’a été Voltaire comme historien, tant en prose qu’en vers. Par sa curiosité toujours en éveil, par le soin extrême de rassembler tous les documents imprimés, manuscrits, oraux, par une conscience de savant qui a fait que chacun de ses ouvrages d’histoire a été écrit presque tout entier dix fois à force de remaniements et de corrections, par une « intelligence, » cette première qualité de l’historien, comme a dit Thiers, pénétrante, souple, incisive et compréhensive, par une constante application à rechercher, non seulement, comme on faisait autrefois, la succession exacte des faits, mais l’état des mœurs, des institutions, des idées, des préjugés, des caractères, des âmes aux différentes époques de la vie de l’humanité. Voltaire est un grand historien, l’un des pères de l’histoire, de la science historique telle que nous l’entendons de nos jours, et il ne partage cette gloire qu’avec Bossuet et Montesquieu. Ajoutez qu’il écrit l’histoire avec son style, c’est-à-dire avec le style d’un grand écrivain, le style le plus approprié soit au récit, soit à l’exposition claire des grands ensembles qui se soit jamais rencontré.