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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/165

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le dramatiste. ― tragédies

ORBASSAN
Ton arrogance insigne

Ne mériterait pas qu’on te fît cet honneur.

(Il fait signe à son écuyer de ramasser le gant.)

Je le fais à moi-même ; et, consultant mon cœur,
Respectant ce vieillard qui daigne ici t’admettre,
Je veux bien avec toi descendre à me commettre,
Et daigner te punir de m’oser défier.
Quel est ton nom, ton rang ? Ce simple bouclier
Semble nous annoncer peu de marques de gloire.

TANCRÈDE

Peut-être il en aura des mains de la Victoire.
Pour mon nom, je le tais, et tel est mon dessein ;
Mais je te l’apprendrai les armes à la main[1].
Marchons !

ORBASSAN

Qu’AménaïdeQu’à l’instant même on ouvre la barrière ;
Qu’Aménaïde ici ne soit plus prisonnière
Jusqu’à l’événement de ce léger combat.
Vous savez, compagnons, qu’en quittant la carrière,
Je marche à votre tête et je défends l’État.
D’un combat singulier la gloire est périssable ;
Mais servir la patrie est l’honneur véritable.

TANCRÈDE

Viens ! Et vous, chevaliers, j’espère qu’aujourd’hui
L’Etat sera sauvé par d’autres que par lui.

Alzire ou les Américains est une tragédie romanesque encore, dont le point de départ est pris dans Polyeucte. Il y a là aussi, une femme qui demande à celui qui l’aime la grâce de celui qu’elle aime. Mais la pièce est

  1. Cf. Je le garde, secret et fatal, pour un autre
    Cf.Qui doit sentir un jour sous mon genou vainqueur
    Cf.Mon nom à son oreille et ma dague à son cœur.

    (Hernani.)