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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/76

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CHAPITRE XI

VOLTAIRE À PARIS — SA MORT.

(1778)

Il était prié et supplié depuis longtemps de venir à Paris jouir, quelque temps au moins, de sa gloire. Il y était porté par l’amour des applaudissements qu’il eut toujours :

Romains, j’aime la gloire et ne veux point m’en taire ;


par le désir de revoir ses amis : « Je ne travaille à Irène, écrivait-il à d’Argental, que pour avoir une occasion de venir à Paris jouir de la bonté que vous avez de m’aimer toujours : c’est là le véritable dénouement de la pièce ; » — par cette impatience qu’ont tous les vieillards de revoir leur pays d’enfance et de jeunesse, et où l’instinct populaire voit, non sans quelque raison peut-être, un « mauvais signe. »

Il hésita longtemps, remettant de jour en jour ce voyage qui lui tenait au cœur.

« Un homme de mon âge, qui vient de bâtir quatre-vingt-quatorze maisons, qui est ruiné [il exagère], qui a dix procès, et dix actes de tragédie sur le corps, n’a pas de quoi rire. Quand est-ce que ce pauvre écloppé aura le bonheur de vous embrasser ?…