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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/77

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Voltaire à Paris

Enfin il se décida. Ce fut sa dernière imprudence. Il fit lentement le long voyage de Ferrey à Paris, par la Bresse, Lyon, le Maçonnais et la Bourgogne. Il arriva à Paris le 11 février.

Son premier billet fut pour sa vieille amie, la marquise du Deffand :

« J’arrive mort, et je ne veux ressusciter que pour me jeter aux genoux de Madame la marquise du Deffand. »

Il était vraiment malade en effet, surmené par le déplacement, par la préoccupation, la correction et les incidents de répétition d’Irène ; par l’Académie où il fréquentait et qu’il excitait à entreprendre ce Dictionnaire historique de la langue française que devait faire plus tard notre Littré ; par un Agathocle, dernière tragédie, qu’il se pressait d’achever.

Le 16 mars, Irène fut jouée avec un applaudissement enthousiaste. La sixième représentation, à laquelle il assista, fut une véritable apothéose.

Le 20 avril, il travaillait encore à remanier Agathocle.

« Vous m’avez ordonné, écrivait-il à d’Argental, de dépouiller le quatre [le quatrième acte] pour habiller le cinq. Depuis cinq heures du matin je déshabille fort aisément ce quatre ; mais je crains d’être un mauvais tailleur pour le cinq. La généreuse secrétaire [Mme d’Argental] est priée de corriger, au second acte, un petit couplet d’Argide, qui me paraît un peu trop brutal pour un prince aussi noble et aussi vertueux que lui. Il faudrait, je crois, tourner ainsi cet endroit :… »

Le 16 mai, il écrivait encore ce joli billet à l’abbé de Lattaignant :

Lattaignant chanta les belles ;
Il trouva peu de cruelles ;