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Page:Faguet - Voltaire, 1895.djvu/80

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CHAPITRE XII

SON CARACTÈRE.

Par cette esquisse, encore qu’incomplète, de sa vie, on a déjà aperçu les principaux traits du caractère de Voltaire. C’était un homme dévoré du besoin d’activité, du besoin de bruit et du besoin de gloire. Qu’on parlât de lui sans cesse, partout, infatigablement, c’était chez lui une soif inextinguible. Je ne sais qui a dit de lui, vulgairement, mais avec esprit : « C’est un homme qui a pour dix millions de gloire et qui en demande encore pour deux sous. »

Et, du reste, le seul besoin d’agir, de se remuer, de ne jamais se reposer, aurait, même sans l’amour de la gloire, fait sa vie ce qu’elle a été. Né sans instruction et sans génie, il aurait travaillé, cabalé, intrigué, fomenté des complots, des conspirations, des batailles populaires ; ou, de valet adroit, se serait élevé jusqu’à quelque intendance ou quelque ferme générale.

Il était polémiste, processif, toujours en contestations et en affaires, avec des alternatives singulières d’audace et de terreurs folles. Nerveux, trépidant, ayant des accès de colère terrible, des rancunes acharnées, traversées d’apaisements quelquefois sincères, il était comme une machine électrique toujours chargée :

Il en partait des traits, des éclairs et des foudres.