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certaine période de temps, des écrivains, en s’y attachant trop, ont appauvri l’imagination d’un peuple et comme desséché son esprit. Rappelez-vous les imprécations de Lamartine, vers 1825, contre le temps du premier Empire. Ce n’est pas contre la littérature maniérée de cette époque qu’il invective. Eh ! non. Il la méprise silencieusement et (désormais) il l’ignore. C’est contre l’esprit scientifique. Ah ! l’horrible temps ? On n’y faisait que des mathématiques ! Le romantisme est un appel à la liberté du rêve et une insurrection contre le réel, la « soumission à l’objet » secouée violemment et écartée avec colère.

Chez Zola, même tendance. On a relevé des inadvertances et des étourderies de détail, la pêche des crevettes roses et le nouvel Opéra vu des hauteurs du Trocadéro, à une époque où il n’existait pas. Mais ce sont des riens. L’horreur de la vérité apparaît à ceci qu’avec une documentation assez consciencieuse et sérieuse, jamais, non jamais, ni un homme ni une femme ne nous apparaît dans un roman de Zola tel qu’il nous fasse dire : « C’est cela, je le connais. » Jamais d’aucun de ces personnages on ne s’avisera de dire : « Il semble qu’on l’a vu et que c’est un portrait. » Mauvais