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XXIII

AINSI FUS-JE AU LENDEMAIN


Vous savez, quand on rentre de l’enterrement
D’un être tendrement chéri ? un froid silence
Vous oppresse, et la chambre semble immense, immense ;
On a l’illusion que c’est réellement

Soi qu’on vient d’enterrer, et votre appartement
Le sépulcre, et votre âme, on la sent si vidée,
Qu’on croirait que l’autre sépulcre l’a gardée…
— Ou bien, à la fin d’un grand déménagement :

Tout est parti, le logis est vide et résonne,
Oh ! résonne comme un grand tombeau… plus rien… non…
On croit pourtant avoir malgré qu’on se raisonne,

Oublié d’emporter quelque chose : quoi donc ?
— Un pan de notre vie à ces murs attachée,
Par grands lambeaux y pend, à jamais arraché.

18 mars 1808.