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XXXVII

« L’ASSOMMOIR »


Échappé de l’usine où le labeur sordide
Pressure sa cervelle à grands coups de marteau,
S’affale à l’assommoir : le toxique liquide
Déchiqueté son corps comme avec un couteau,

Lui hache et jette au vent avec ses vomissures
Son cœur tout calciné, lui remonte arracher
Puis dans un gluant gargouillis de ses fressures
Son reste de cerveau laminé, le cracher ;

Ainsi, la pauvre viande humaine, triturée
Alternativement au mortier du travail,
Alternativement aux alcools macérée,

Tourne en bouillie immonde ; et l’effronté bétail
Gouvernant, mâche à même ces chairs de souffrance,
Grands Dieux ! et qui sont la chair même de la France !

1er avril 1898.