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XLII

« UNE PAGE D’AMOUR »

Frêle âme d’une enfant, plus frêle qu’une fleur,
Éclose comme une rose, et morte comme elle
Et qu’efface et flétrit à la frôler de l’aile,
La bise de l’autan siffleur et persifleur !
 
Doux pleur d’amour inséré sous la pellicule
D’une fleur en bouton ! sanglot tout embaumé
Qui s’envole ! adorable poème de mai
Que soupire la brise d’or d’un crépuscule !

Et dessous, roule ton sinus tumultueux
Béant monstre de brique et de plâtre boueux,
Impassible Paris ! milliards de prunelles !
 
L’enfant penche, aspirée avidement par elles ;
Moire, la fleur tombe en tournoyant dans le gouffre…
Douloureux et doux roman d’une enfant qui souffre !

6 avril 1898.
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