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XLIII

« NANA »


« La mouche d’or… Et grande,
belle, de chairs superbes, ainsi
qu’une plante de plein fumier,
elle vengeait les gueux… »

É. Zola.

La curée assouvie et tous les ventres pleins,
Digèrent les repus à même la mangeaille,
Fumier, charnier, latrine, et fosse à victuaille,
Et gluant lit d’amour, auge à toutes les faims !

Or, de l’énorme amas de chaude pourriture
Fermentant sous le tas accroupi qui s’endort,
Or, une mouche d’or est née, et prend essor,
Et se balance en l’air et flaire sa pâture :

Et se laisse tomber sur les ventres repus ;
Or, ce corps de splendeur est gonflé de ce pus
Suintant du monceau de cadavres liquides.

Ô hideuse revanche des charniers d’en bas !
D’elle chaque baiser loge un poison putride :
Elle les pourrit tout vivants, et ne sait pas.

7 avril 1898.