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XLVIII

« LA JOIE DE VIVRE »



Ah ! vivre sans savoir pourquoi ! vivre pour vivre,
Comme ce moucheron trempé d’or qui s’enivre
D’un rayon de soleil, et frissonne au travers !

Se contenter d’être cela : l’onde qui vibre
Avec l’infinitude d’ondes, l’Univers,
Bulle qui pense, onde qui voit, esclave libre,

Être l’indispensable infinitésimal,
Rêve ! rêve réel ! et le sentir tel ! Joie,
Joie, ô joie à sentir la vie qui se déploie,
Insensible aux vanités du bien et du mal,

Et savoir qu’on en est, saintement immoral !
Joie de vivre ! vertige clair où l’on tournoie,
Océan de sagesse où sans crainte on se noie,
Sublimité d’être un Dieu dans un animal !

12 avril 98.