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XCVIII


Et je leur ai fait des excuses, ou tout comme[1]
Je traite celui ci presque de souteneur,
Pensai-je, et peut-être est-il un très galant homme !
Ai-je le droit d’aller lacérer son honneur ?
Celui-là, je l’appelle Judas ; je l’accuse
De mentir contre de l’argent ; cet autre… eh bien !
Qu’en sais-je ? et si c’est faux ? je les ai sans excuse
Diffamés ? — soit : Drumont est un homme de bien,
Vervoort aussi, Judet aussi, Mayer de même ;
Voilà, c’est entendu, moi, j’aime mieux cela,
Or je trouve que c’est la lâcheté suprême,
Attaquer un homme en sa vie privée — Or çà,
Puisque nous sommes entre gens qui se respectent :
Comment le rouge au front ne vous monte-t-il pas,
Vous tous ! à requérir des armes si abjectes,
Pétrir l’ordure et la lancer à tour de bras,
Et puis recommencer ! et puis encor ! sans trêve !
Peut-être est-ce que je suis trop jeune enfantin,
Mais dès que j’essaye à vous lire, mon cœur lève,
Je ne peux pas… Je suis trop jeune, c’est certain !
Ah ! votre vie privée est pure ? eh mais, j’espère !
Quand on défend propriété, armée, honneur,
Patrie, famille, il faut être bon fils, bon père,
Bon soldat, n’avoir pas des mœurs de souteneur
Et n’être pas escroq ni voleur trop notoire ;

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