Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/141

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(liv. II, p. 49 ; liv. VIII, p. 364, et liv. XI, p.503), les Noces de Céyx, les Grands Travaux et l’Égimius. Aristote et quelques grammairiens mettent sur son compte un ouvrage intitulé les Préceptes. Pline (liv. XV, c. 1 ; liv. XXI, c. 17 et 20 ; liv. XXII, c. 22 ; liv. XXV, c. 2) et Plutarque (Banquet de Dioclès) semblent croire qu’il composa des poëmes sur la vertu des plantes et des herbes et sur l’art de la médecine. La simple nomenclature de tous ces ouvrages, qui supposent une si grande variété de savoir, ne démontre-t-elle pas l’impossibilité qu’un seul homme en ait été l’auteur ?

Après tout, l’idée d’attribuer tant de poëmes à Hésiode atteste l’admiration que son génie inspira. Si quelques écrivains l’ont accusé d’impiété, si Pythagore, suivant Diogène de Laërte (liv. VIII, sect. 21), feignait d’avoir vu son ombre enchaînée avec celle d’Homère dans le Tartare à une colonne d’airain, parce que ces deux poëtes avaient débité des mensonges sur les dieux ; si Platon (Répub., liv. II) le bannissait de sa république, d’où il chassait aussi le grand Homère, ces philosophes ne condamnaient sans doute que quelques points de ses croyances : ils devaient apprécier son talent reconnu par tant de juges habiles. Denys d’Halicarnasse vante la douceur de son style et l’habileté de sa composition. Velléius Paterculus dit que ce fut un poëte d’un esprit élégant et remarquable par la mollesse de ses vers. Quintilien fait l’éloge de la sagesse de ses maximes et de l’harmonie de sa diction ; il lui décerne la palme dans le genre tempéré. Hésiode a obtenu également les suffrages d’Aristote, de Xénophon, d’Isocrate, d’Alcée, de saint Basile, du sophiste Aphthonius et de Cicéron.

La Théogonie avait été commentée, suivant Aulu-Gelle (liv. XX, c. 8), par Plutarque ; on dit qu’elle l’avait été aussi par Aristote, par Aristonicus d’Alexandrie, par Démétrius Ixion d’Adramyttium et par Denys de Corinthe. Il ne nous est parvenu que deux commentaires grecs sur ce poëme : l’un est attribué à Jean Diaconus ; l’autre est intitulé Quelques anciennes scholies détachées sur la Théogonie d’Hésiode. Natalis Comes (Myth., liv. VI, c. 18) semble croire que Didyme en est l’auteur.

Nous avons sur les Travaux et les Jours des scholies de Proclus, de Jean Tzetzès et d’Emmanuel Moschopule. Jean Protospatharius a composé pour son fils une Explication physique des Jours.

Tzetzès et Jean Diaconus ont laissé, l’un une Explication, l’autre une Paraphrase sur le Bouclier d’Hercule.

Le travail de ces divers scholiastes, à l’exception de Proclus, n’offre guère qu’une compilation faîte sans critique des gloses qu’ils avaient recueillies de tous côtés.

Les principaux commentateurs modernes sont Ange Politien, Scaliger, Vinet, Mélanchton, Jean Frisius, Grœvius, Guiet, Hemsterhusius, Barlæus, Robinson, Leclerc, Ruhnkenius, Heyne, Wolff, Bergier et C.-F. Heinrich. M. Creuzer, dans ses lettres sur Homère et Hésiode, a fait la critique d’une dissertation latine de M. Hermann sur la plus ancienne mythologie des Grecs.

Quant aux diverses éditions. d’Hésiode, on nous saura gré sans doute d’extraire ce passage de la notice composée par Amar dans la Biographie universelle :

« Les Travaux et les Jours furent publiés pour la première fois à Milan, 1493, in-fol., par les soins de Démétrius Chalchondyle avec Isocrate et Théocrite ; mais comme le poëme d’Hésiode ne se trouvait pas dans tous les exemplaires, on regarda longtemps comme édition princeps celle d’Alde Manuce, Venise, 1495, in-fol., qui renferme, avec plusieurs autres petits poëmes gnomiques, la Théogonie et le Bouclier d’Hercule. Le seizième siècle vit paraître un assez grand nombre d’éditions d’Hésiode, parmi lesquelles il faut distinguer celle de Victor Trincavelli, imprimée à Venise, chez Zanetti, in-4o, 1537. C’est la première qui présente les trois poëmes d’Hésiode réunis et accompagnés des scholies grecques de Proclus, de Jean Tzetzès et de Moschopule ; elle est d’ailleurs très-correcte et d’une belle exécution typographique. Celle de Bâle, 1542, in-8o, est avec la version latine de Valla et les scholies de Tzetzès. Celle de Henri Estienne, Paris, 1566, in-fol., est la première où la critique du texte ait appelé l’attention de l’éditeur ; elle est devenue la base de la plupart des suivantes. Oporinus donna à Bâle, en 1574, in-8o, les OEuvres d’Hésiode avec une version latine des scholies de Tzetzès. Celle de Spondanus, grecque et latine, La Rochelle, 1592, petit in-8o, est une édition rare et excellente. Le dix-septième siècle nous offre l’Hésiode de Daniel Heinsius, Plantin, 1603, in-4o. Cette édition, que tant de titres recommandent aux savans, est devenue excessivement rare ; mais ce qu’elle renferme de plus précieux se retrouve dans celle d’Amsterdam, 1701, in-8o, qui contient de plus les Lectiones Hesiodeæ de Grœvius et l’Index de Pasor. Jusqu’ici l’érudition, les recherches savantes et la collation des manuscrits avaient fait beaucoup pour Hésiode ; mais il ne devait rien encore au luxe typographique, lorsque Thomas Robinson publia sa belle édition à Oxford, 1734, grand in-4o. De nouveaux manuscrits furent consultés pour la Théogonie et les Travaux et les Jours. L’éditeur ajouta ses propres observations aux notes d’Heinsius, de Guiet, de Leclerc ; une dissertation préliminaire sur la vie, les ouvrages et le siècle d’Hésiode, et le Combat d’Homère et d’Hésiode avec une nouvelle traduction latine et les notes de Barnès. Cette édition en un mot ne laissait à désirer que les scholies grecques ; aussi gagna-t-elle beaucoup entre les