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mains de Lœsner, qui la publia de nouveau avec d’importantes additions, Leipsig, 1778, in-8o. Nous avons parlé déjà de celle de Brunck, page 150 de son recueil des poètes gnomiques, Strasbourg, 1784. Le savant et ingénieux éditeur s’est servi, pour établir son texte, d’un manuscrit d’Hésiode de la bibliothèque du roi et d’un autre de Stobée, qui n’avait point encore été consulté. Il eût été à désirer que son travail embrassât les trois poëmes attribués à Hésiode, au lieu de se borner à celui des Travaux, qu’il a heureusement corrigé dans plusieurs endroits et purgé de plus de cinquante vers justement réputés suspects. L’année suivante, 1785, Bodoni fit paraître à Parme les ouvrages d’Hésiode avec la traduction en vers latins de Bernardo Zamagra de Raguse, traduction assez élégante, mais en général peu fidèle et qui ne méritait pas un tel honneur typographique. Nous ne devons pas oublier l’édition publiée à Lemgow, 1792, in-8o, avec la traduction allemande de Hartmann et les remarques de Wachler, ni celle de Lanzi, accompagnée d’une traduction italienne in terza rima, Florence, 1808, grand in-4o. Elle ne contient que le poëme des Travaux et des Jours avec un discours préliminaire et de longues notes qui n’offrent rien qu’on ne retrouve ailleurs. Nous souhaitons, en terminant cette nomenclature, que M. Heinrich ne s’arrête pas au spécimen qu’il nous a donné dans son édition du Bouclier d’Hercule et que M. Tiersch réalise le projet de son édition d’Hésiode. »

Nous ajouterons à la liste de ces éditions celle de quelques autres non moins importantes :

Hesiodus, Theognis, Gnomæ diversorum poetarum, Carmina Sibyllæ, Pythagoræ aurea Carmina, Gregorii gnomæ, Theocriti opera omnia. Florentiæ, in ædibus Phil. Juntæ, 1515, in-8°.

Hesiodus, Theognidis sententiæ, Sibyllæ Carmina, Musæi opusculum de Herone et Leandro, Orphei Argonautica, Hymni et de Lapidibus, Phocylidis Parœnesis, Florentiæ, per Benedictum, Junctam, 1540, in-8°.

Hesiodi ascræi opera quæ extant : in eadem doctorum virorum annotationes et lectiones variæ è mss. palat. ab Hieronymo Commelino collectæ : 1591, in-8°.

Hesiodi ascræi quæ extant, cum notis ex probatissimis quibusdam auctoribus, brevissimis selectissimisque ; accessit viri clarissimi Lamberti Barlæi, Græcæ linguæ in academiâ Lugduno-Batavâ, professoris eximiis, in ejusdem Theogoniam commentarius. Operâ et studio Cornelii Schrevelii. Lugduno-Batavorum, ex officinâ Francisci Hackii 1658.

Hesiodus cum versione emendatâ ab Erasmo Schmidio et in Erga enarratione Melanchthoniis et 23 tabulis synopticis ejusdem Schmidii. Witebergæ, 1601, in-8°.

Theogonia Hesiodea, textu subindè reficto in usum prœlectionum seorsim, edita à F. a. Wolf. Halæ Saxon, 1783, in-8°.

Le texte d’Hésiode le plus correct est celui que Thomas Gaisford a édité en 1814. M. Boissonade l’a suivi dans son Recueil des poètes grecs (tome XI, 1824) et nous l’avons également adopté.

Les traductions françaises en prose les plus connues sont la traduction de Bergier, précédée d’un discours sur l’origine des dieux du paganisme et suivie de remarques sur les ouvrages d’Hésiode, 1767 ; celles de Gin 1785 et de Coupé 1796.

Il existe une vieille traduction des Travaux et des Jours, publiée sous ce titre : Les Besongnes et les Jours, mis en vers français par Jacques Legras, Paris, 1586, in-12. L’abbé Goujet la trouvait préférable à celles de Richard Leblanc, de Lambert Daneau et de J.-A. Baïf.

Ces traductions ne sont en général ni exactes ni complètes, puisqu’elles ne comprennent pas les Fragmens ; elles ne nous ont offert que peu de ressources. C’est donc au texte grec seulement que nous avons eu recours, n’hésitant point à préférer le langage de la prose à celui de la poésie. Rien n’eût été moins poétique, en effet, que la reproduction en vers soit des nombreuses généalogies, soit des préceptes moraux et religieux que renferme Hésiode. Plusieurs morceaux d’élite, tels que la brillante description des cinq âges du monde, l’ingénieuse création de Pandore, l’énergique et sombre peinture de l’hiver, le magnifique combat de Jupiter avec les Titans, auraient sans doute prêté à la poésie ; mais ces divers passages ne constituent pas le caractère dominant du génie d’Hésiode, la physionomie habituelle de sa versification. Quelquefois comparable à Homère, Hésiode s’en éloigne souvent par la nature du style. Le style d’Homère est lucide, abondant, coloré, parce qu’il date d’une époque où la guerre avait mis en dehors tous les caractères, toutes les passions : celui d’Hésiode, au contraire, est grave, sérieux et précis ; il révèle un siècle de crise sociale où la pensée a besoin de se résumer dans un langage plein et nerveux et de se concentrer en elle-même, comme effrayée du tableau des vices et des dissensions qui tourmentent la Grèce. Hésiode diffère d’Homère sous beaucoup d’autres rapports, car tantôt il passe en revue les généalogies des familles célestes, et alors ses vers, presque entièrement hérissés de noms propres, ont toute la sécheresse d’une froide nomenclature ; tantôt il décrit en termes techniques des instrumens et des objets d’arts, ou il trace des maximes dont le fond est revêtu d’une forme complexe. Ajoutez à ces difficultés les entraves que les interpolations, ou les lacunes apportent à la marche et au sens de la phrase. Comme les ouvrages du compilateur d’Ascra sont